HISTOIRE

Le Fort de Cormeilles en Parisis est l’un des plus grands forts militaires de la région parisienne et tire son épingle des autres du fait qu’il soit encore intact.

La guerre de 1870 et le siège de Paris, pendant laquelle l’armée allemande occupait toutes les hauteurs autour de la capitale et les progrès de l’artillerie depuis 1858 avec l’élaboration du canon rayé, dont l’obus se charge par la culasse le tout améliorant considérablement la portée de tir, conduisirent le gouvernement d’Adolphe Tiers à demander au Général Raymond Séré de Rivières de concevoir une nouvelle ceinture défensive autour de Paris.

Portrait du Général Séré de Rivières

Le Général Séré de Rivières est né à Albi le 20 Mai 1815 d’une famille de la petite noblesse Tarnaise. En octobre 1835 il entre à Polytechnique, deux ans plus tard à l’Ecole d’application du Génie de Metz, où il commence à apprendre les systèmes de fortification de Vauban, toujours en vogue dans les Etats-Majors français. La même année il est nommé sous-lieutenant, puis en 1842 avec le grade de lieutenant il s’embarque pour la conquête de l’Algérie toujours dans le Génie. L’année suivante il atteint les galons de capitaine de deuxième classe.

Une fois rentré au pays, il accumule les postes et les mutations à la tête des Chefferie dans le Génie à Toulon, Perpignan, Castres. En 1859, sous le III Empire, il fait son paquetage à destination de l’Italie où la deuxième guerre d’indépendance italienne est en marche dont la France apporte une aide au Royaume de Sardaigne contre l’Empire d’Autriche, éternel ennemi de la France. Sous les ordres des Maréchaux Mac Mahon et d’Hilliers, il combat à la bataille de Melegnano et se fait blessé sur le champ de bataille. Lors de la guerre de 1870, nouvellement Général de Brigade depuis Octobre 1870, il prend le commandement des troupes de Génie de l’Armée de l’Est sous les ordres du Général Bourbaki. La guerre finie, le gouvernement d’Adolphe Tiers ordonne à Séré de Rivières de reprendre Paris au communards parisiens en 1871, tâche qu’il accompli, la révolte parisienne est terminée.

En juin 1873 il gagne ses trois étoiles de Général de Division et est nommé au poste de Secrétaire du Comité de Défense. A partir de cette année il commence à rédiger deux rapports sur la défense des frontières, dont l’idée principale est de canaliser les troupes allemandes, car la crainte d’une nouvelle guerre contre l’Empire voisin règne toujours. Une fois canalisée, l’Armée française fondrait sur l’armée adverse et ainsi les vaincre.

En 1874, les travaux d’un des prototypes des nouvelles fortifications de Séré de Rivières commencent à Cormeilles-en-Parisis en raison de sa situation géographique, c’est à dire placé sur la butte du Parisis qui lui offre une vision panoramique sur Paris. A l’époque la construction fait du bruit au sens propre comme au figuré car les terres rachetées par Séré de Rivières pour la construction du Fort ne plait pas aux paysans qui adressent nombre de lettres au maire et au préfet. Pour l’acheminement des pierres et du matériel, une ligne de chemin de fers descend directement de la gare de Cormeilles au chantier. En tout le contrat pour la construction de ligne de Séré de Rivières tablait sur une quarantaine de forts pour un total de 30 millions de francs en or.

En 1877, la construction du Fort se termine, ainsi que son plateau opérationnel de la batterie des Cotillons et de la redoute de Franconville (aujourd’hui englouti dans l’exploitation de la carrière de gypse voisine).

Poste anti-aérien sur un des cavaliers du Fort
Malgré ce problème vite résolu, le Fort sert de protection anti-aérienne à Paris lors du Premier Conflit Mondial, d’ailleurs des études historiques prouvent qu’un Zeppelin a été abattu par l’artillerie cormeillaise.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, le Fort sert de dépôts de torpilles à la Marine allemande, la Kriegsmarine. Le fort héberge aussi des canons anti-aériens allemands. La Flak allemande descendra même un B-17 Flying Fortress allié pendant l’occupation.
Les troupes allemandes quittent le Fort, sentant que le cour de la guerre a tourné. Les FFI entrent dans l’enceinte du Fort et prennent les équipements et autres armements que les allemands ont laissés derrière eux. Dès la libération de la France, la Police Militaire américaine remet aux français les prisonniers de guerre allemands. Ne savant pas où enfermer tous ces prisonniers, l’administration pénitentiaire choisi le Fort de Cormeilles pour en faire un camp de rassemblement allemands, c’est le camp n°221. Le camp sert aussi d’internement pendant quelques mois pour les personnes soupçonnées de collaboration. En mars 1946, le nombre total de prisonniers s’élève à 4616, alors qu’à l’origine le Fort n’était prévu que pour une centaine de soldats, parmi les prisonniers célèbres : le Général en charge de la rade de Brest Hermann-Bernhard Ramcke et peut être le célèbre Colonel SS Otto von Skorzeny. Vers les années 50, le dernier prisonnier allemand quitte le camp, comme beaucoup de ses camarades de guerres il se serait installé dans Cormeilles pour finir sa vie

Le bâtiment des officiers
Le Fort accueille par la suite quelques familles de Harkis. Dès 1967 l’ouvrage est affecté au 23ème Régiment d’Infanterie de Marine, et accueille aussi un centre d’entrainement commando inter-armée qui fermera vers 1995. A la dissolution de cette unité, le Fort sous administration militaire est cédée au Conseil Régional du Val d’Oise puis à l’Agence des Espaces Verts qui a confié en 1998 aux Amis du Fort la lourde mission de restaurer cette fortification et de la faire visiter au curieux, dans l’idée de faire perpétuer le patrimoine que laisse cet édifice.

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